Enfin une bonne nouvelle en cette rentrée 2016! Le nouvel album du Professeur Awolowoh, dont la sortie avait fini par prendre des allures d’arlésienne, arrive dans les bacs le 23 septembre prochain! Les génies ont donc fini par parler et l’apôtre du zoblazo a répondu à l’appel de ses fans en signant…« Illimitic ». Si le titre de ce douzième opus a en premier lieu laissé nombre de mélomanes perplexes, les premières mesures du titre « Edja » (lancé en orbite via un clip-hommage aux victimes de l’attentat de Grand-Bassam) ont vite fait de rassurer tous les amateurs de sonorités zoblaziennes. Très critiques quant au menu proposé dans les deux œuvres précédentes, « M20 » en 2009 et « Professeur » en 2012 (jugés trop proches d’une actu ‘coupé-décalée’ pour les uns ou trop ultra-synthétiques pour les autres), les fans, qui suivent la star ivoirienne dans ses exploits artistiques depuis maintenant vingt-sept ans, commençaient à s’impatienter voire même à se faire du souci. Frédéric Ehui Meiway avait-il définitivement perdu son âme musicale? En d’autres termes, l’élève de feu Niamkey Ezoua Blin dit « Adjalou » (véritable gardien de la tradition apollonienne et oncle du signataire de « Ayibebou ») s’était-il trop éloigné de la tradition Nzima et des rythmes qui ont bercé ses premiers pas dans la tradi-modernité? Au point de devenir un esclave de ce courant musical baptisé ‘afropop’ boulimique de tubes « kleenex » et vilement imposé, par certaines pseudo-chaînes musicales « afro », à des jeunes pousses musicales forcées de suivre à la lettre une charte dont les critères visuels et sonore à répétition frisent le ridicule…Heureusement pour ces oreilles averties (mais aussi pour nous), il n’en est rien et l’ex-sociétaire de Pace, Lynx Group et des Génitaux a réussi son pari sans basculer du côté obscur. Les seize titres contenus dans l’épopée naissante baptisée « Illimitic » peuvent se résumer ainsi : Powerful!
Et si ce terme sonne comme un clin d’œil linguistique aux parents du Ghana voisin, terre originelle du peuple Nzima ou appolo (c’est selon), il se prête à merveille à l’exercice que chacun expérimentera en se procurant le nouveau bébé du grand frère de DEZA XXL. Car tous les ingrédients nécessaires à une mise en orbite sont réunis : arrangements soignés, textes accrocheurs et ambiances éclectiques. Une recette à succès qui fera mouche dans les maisonnées, les charts et les salles de concerts…comme à La Cigale. Cet antre parisien que le patron du Zo-Gang International et sa bande chaufferont à blanc le vendredi 10 février 2017 pour le plus grand bonheur du public européen! Signalons au passage, qu’à cette date, l’équipe nationale de football de Côte d’ivoire, aura remis son titre en jeu lors de la CAN 2017 qui se déroule au Gabon. Le titre « Eléphants 2015 », contenu dans l’opus, leur portera certainement bonheur comme il y a presque un quart de siècle… Mais en fait, que contient ce Meiway nouveau dont toute la planète afro-caribéenne commence à parler? D’Abidjan à Montréal (qui ressent encore les secousses du show exécuté par « le dernier des fédérés » en juillet dernier lors des Nuits d’Afrique), on tend l’oreille…et on échauffe les reins. Top départ! L’ambiance du village tout d’abord avec ces percussions lancinantes faisant écho à la prochaine sortie de « Edo NGbolè », l’intemporel tam-tam parleur, annonciateur de l’Abissa. L’événement majeur du calendrier villageois qui fédérera en novembre prochain toute la communauté autour de sa Majesté Nanan Awoula Amon Tanoé Désiré dont l’artiste est désormais un des notables. Une fois satisfaites, les sept familles constituant le ciment communautaire de l’homme au pourcentage croissant (devenu depuis « M27 »), peuvent passer le relais aux fans de la terre entière. Ceux-ci aimeront, « Awoh », « Blagué tué », « Bipoya », « Watch my body » ou encore « Petit Kakaba » qui fait référence au droit d’ainesse. Enfin, ils succomberont au charme du très dansant « Edja ». Un authentique « bôrô d’enjaillement » pour qui aime voir secouer les « tassabas » et autres « moutous ». Ces derrières « en forme » que le paternel de la chantre Lyn Mary aime célébrer, dans ses œuvres. Des sonorités qui permettront à ces dames et à ces messieurs d’agiter avec ferveur leurs « hanckerchiefs », ces mouchoirs blancs qui constituent un accessoire indispensable pour danser le zoblazo et qui symbolisent aussi…la paix. Ambassadeur culturel d’un pays qui a subi les affres de la guerre, suite à une crise post-électorale terrible, MEIWAY OFFICIEL veut, avec ce nouveau disque très réussi, porter haut les couleurs de sa terre d’Eburnie et au-delà, celles d’un continent libéré de tout complexe. D’une Afrique fière d’elle-même et plus que jamais prête, malgré les difficultés qu’elle traverse, à conquérir le monde. Une Afrique en mode…Illimitic.
Robert Brazza
