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Célébration des 50 ans de carrière d’Eko Rosevelt à Yaoundé.

Sur la vie professionnelle d’une voix et d’un musicien de génie, Sa vie ressemble à s’y méprendre à un roman. Ça c’est notre avis, parce que Eko Roosevelt lui, se refuse à écrire une biographie. Pas trop d’anecdotes croustillantes à se mettre sous la dent, de scandales, de fantaisies à partager. Juste un parcours tranquille de musicien, dit-il. Musicien d’accord, mais un bon, de ceux à ranger dans la catégorie des grands crus. En 50 ans de carrière, sa coupe afro, indissociable de sa barbe (presque aussi touffue), sont devenues grisonnantes devant des millions de fans à travers le pays et le monde. Ce soir à l’Hôtel La Falaise à Yaoundé, le pianiste de génie, à presque 70 ans, va prendre un coup de jeune, en revisitant un répertoire fou d’audace et de créativité. S’il a trempé dans la musique au point de ne plus pouvoir en sortir, Eko Roosevelt n’avait pourtant rien d’un cancre à l’école.

Quand il fait ses débuts dans cet univers à Douala, il avait à peine 18 ans et déjà deux CAP en poche, dont un en bâtiment. Trop jeune, il est interdit de travailler, et s’infiltre de manière clandestine dans des groupes. « Mes frères m’ont dit qu’à Douala, il y avait des jeunes qui faisaient de la musique à gauche et à droite. Alors j’ai fait le clando dans des orchestres. On allait jouer dans les mariages à Dibombari ou ailleurs », se rappelle-t-il. Il devient vite une vedette. Fêtes et bals scolaires se l’arrachent, mais Eko voit plus grand, et comprend qu’il peut mieux gagner sa vie grâce à des notes de piano ou de guitare qu’en construisant des maisons. «Mon premier cachet avec Manu Dibango, c’était pour le mariage de Eteki Mboumoua avec la fille de Soppo Priso. En une soirée, j’ai gagné 70.000 Fcfa de l’époque. Par contre, j’ai travaillé dans une entreprise et on m’a payé 65.000 F pour un mois », s’en amuse-t-il. Si le choix se reposait à nouveau, il se tournerait vers la musique, sans hésiter.

Il se rend à Dakar au Sénégal où s’ouvre à lui la sphère érudite des conservatoires. D’un spectacle à un autre, il se fait une réputation chez les amis sénégalais. On est en plein dans les sixties. Le voilà embarqué dans une croisière autour de la Méditerranée, chantant du Johnny Hallyday et du Ray Charles, piano et guitare jamais bien loin. Son profil de musicien doué fait le reste. Il accompagnera Marcel Zanini (compositeur du tube « Tu veux ou tu veux pas »), entre autres célébrités. Après Dakar, il s’envole pour Paris. Ah Paris temple de la culture et sa Place Pigale. « On se croisait là-bas avec Manu. Le samedi, il y avait un bal », se souvient-il. Il crée le groupe Dikalo, bouillon d’Afro-funk. Puis vient l’heure de la transmission. En plus d’enseigner au conservatoire de Gentilly, entre 1968 et 1974, il accompagne d’autres artistes comme Nino Ferrer, Henri Dikosso, etc., fait des arrangements et habillages pour Marthe Zambo, Joe Mboule, Guy Lobe, Toto Guillaume… loin de l’ère des ordinateurs. Eko Roosevelt compose aussi.

L’agence Havas le remarque et lui demande d’écrire une chanson pour le premier vol commercial du Concorde entre Dakar, Paris et New York. Nait « Nalandi » en 1975, titre au succès sans précédent qui dépasse le million de 45 tours et devient disque d’or. En 1977, il sort l’album « Kilimandjaro », et enchaîne les albums. Le père de trois enfants et grand-père de cinq petits-enfants continue sa lutte pour la bonne musique, celle qui est faite d’instruments, mais aussi pour la professionnalisation et l’enracinement traditionnel.

Written by Vera Lawrence

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